Résumé du débat écologie des européennes 2024

#Politique #Européennes2024 #GreenDeal

Le 16 avril 2024 se tenait à l’université d’Angers un « débat » sur le pacte vert européen, entre les principales têtes de liste aux européennes, ponctué d’interventions du célèbre lobbyiste anti-carbone Jean-Marc Jancovici, dont l’association organisait l’évènement. J’en fais un résumé rapide ici pour ceux qui n’auraient pas la patience d’assister à deux heures d’échanges très cadrés, voire un peu guindés, sans réel débat.

Jordan Bardella, en tête des sondages, a esquivé le débat, et était représenté par Jean-Philippe Tanguy, député RN. Sage décision pour un candidat ne sachant parler que d’immigration et très peu à l’aise avec les dossiers européens comme le green deal.

Rien d’extraordinaire à signaler dans ce débat relativement calme. S’adressant à une foule s’intéressant à l’enjeu climatique, les candidats l’ont globalement brossée dans le sens du poil, y compris le RN, qui s’est bien gardé de tout propos climato-sceptique.

Dans l’ordre, les thèmes abordés furent l’interdiction des voitures thermiques en 2035, le mix énergétique, la sobriété appliquée au transport aérien et le financement de la transition écologique sous l’angle de la rénovation des bâtiments.

Synthèse

Candidat ou représentantGroupe politique et
dernier sondage
Synthèse
Valérie Hayer

Macroniste
16%
Pro-croissance et entreprises.
Très fort soutien au nucléaire. Pour l’avion du futur et la voiture électrique. Se félicite des mesures mises en œuvre au niveau national comme le leasing de voiture électrique à 100€ ou la giga usine de batteries dans le Nord. Il faut trouver 60 milliards par an pour financer la transition, d’après le rapport Pisani-Ferry. Le plan de relance européen post Covid a déjà mobilisé 750 milliards. Pas totalement opposée à taxer les ultra-riches mais pas trop pour qu’ils restent en Europe. Annonce le Green Deal 2.0 qui sera axé sur la mise en œuvre concrète. Propose un « pacte bleu » pour les océans.
Raphaël Glucksmann

PS
14%
Pour la planification écologique et l’accompagnement social des normes pour qu’elles soient acceptables et éviter l’insurrection. Priorité absolue au ferroviaire. Mix Nucléaire/Renouvelables, objectif 50% nucléaire. Défend la souveraineté européenne face à la Chine et à la Russie. Insiste sur les aspects géopolitiques de l’énergie, comme le gaz azerbaïdjanais qui conduit à fermer les yeux sur la guerre en Arménie. Pour un un impôt européen et une taxe sur les superprofits. Souligne que les groupes de droite soutiennent la PAC et la pêche industrielle au parlement UE, dans les faits.
Marie Toussaint

Écolo
6%
Il faut aller beaucoup plus loin sur le climat pour respecter les accords de Paris. Théorie du donut. Sobriété priorité. Pas le temps de déployer du nouveau nucléaire, préfère miser sur renouvelables.
Dénonce le dogme de l’austérité budgétaire qui empêche de financer la transition (pacte de stabilité voté par droite et socialistes au parlement UE). Sur le logement, grosse pénurie et propose réquisitions logements vacants. Le pacte vert, malgré son manque d’ambition, est menacé par les groupes de droite qui veulent le défaire.
François-Xavier Bellamy


LR
7%
Les émissions viennent principalement de Chine. Prône la neutralité technologique des politiques publiques. Grosse erreur de tout miser sur la voiture électrique. car cadeau à la Chine. Urgence de stopper le charbon totalement dans l’UE. Faire confiance au progrès technique (ex: avion à hydrogène). Tout miser sur l’isolation est une erreur car consomme des matériaux, il faut électriser les chauffages. S’appuyer sur l’épargne privée, les marchés, pas de planification.
Manon Aubry

LFI
8%
Veut un lobby citoyen contre les lobbies des pollueurs. Propose de limiter taille et poids des SUV. Rappelle que la France s’est alliée avec la Hongrie pour faire passer le nucléaire en taxonomie verte, avec le gaz. Insiste sur la sobriété. Dénonce l’anomalie du kérosène non taxé pour les avions, et propose un train sans TVA, insiste sur le train régional. La trajectoire climatique actuelle est catastrophique, il faut un changement en profondeur de la production et de la consommation. Dire non aux projets autoroutiers (A69) et aux traités de libre-échange. Refuser l’austérité, le marché.
Jean-Philippe Tanguy


RN
30%
Le RN serait le seul parti anti-mondialisation. Les objectifs fixés sont inatteignables et déjà manqués. Défend vigoureusement les automobilistes, la voiture individuelle n’est en rien un problème, il faut regarder du coté de l’industrie et du fret. Fortement opposé aux énergies renouvelables car « intermittentes ». Veut relancer massivement le nucléaire.
L’avion est aussi un faux problème, dénonce les lobbies qui polluent et artificialisent les terres agricoles comme Amazon. Refuse toute nouvelle taxe. Revient au concept de « développement durable » opposé à « l’écologie punitive ».
Jean-Marc Jancovici
Association non politique, pas candidat
L’Europe aura accès à moins de pétrole quoi qu’il arrive. Miser sur le bus et la petite voiture électrique.
Ne pas focaliser le débat sur la production d’électricité car il y d’autre besoins en énergie. Ne pas oublier que le pétrole sert aussi dans la chimie (cosmétiques, bitume).
Il ne sera pas possible de maintenir le trafic aérien actuel. Ne croit pas à l’avion propre.
Sur le logement il manque de 200 000 à 300 000 artisans dans la rénovation. Les gens n’ont pas confiance (arnaques multiples).

    C’est quoi le donut de Marie Toussaint ?

    Marie Toussaint a mentionné le « donut » assez vite dans le débat. Un exercice difficile sans support visuel. Voici le schéma dont il est question :

    https://www.oxfamfrance.org/actualite/la-theorie-du-donut-une-nouvelle-economie-est-possible/

    La puissance du donut est qu’il permet de visualiser de façon condensée les limites planétaires et l’acceptabilité sociale des politiques environnementales. Marie Toussaint est apparue comme maitrisant les sujets du green deal et les grands enjeux de la transition écologique. Malheureusement, en égrenant un grand nombre de points avec une hiérarchisation peu claire, Marie Toussaint n’aura probablement pas ébloui l’audience.

    Le cas Manon Aubry

    Manon Aubry est apparue comme percutante, convaincante et maitrisant les sujets du Green Deal. Elle a su formuler des propositions simples et claires.

    Hélas, selon la députée européenne sortante, « Beaucoup de pays nous envient et aimeraient bien avoir un Mélenchon ». Cette déclaration maladroite sur RTL illustre bien son inféodation au leader insoumis, pourtant de plus en plus contesté, y compris à gauche.

    On regrettera néanmoins l’acharnement du gouvernement à censurer les insoumis en interdisant leurs meetings, ne pouvant que renforcer la radicalisation du mouvement. Les partis d’extrême droite et les chaines réactionnaires du groupe Bolloré ne semblent pas susciter le même émoi au sein de la majorité, qui espère toujours qu’une extrême droite populaire lui sera finalement profitable.

    Comme on pouvait s’y attendre, Mélenchon a basculé dans l’outrance le 18 avril en s’en prenant violemment au député socialiste Jérôme Guedj, son ancien camarade, qualifié de « lâche de cette variété humaine que l’on connaît tous, les délateurs, ceux qui aiment aller susurrer à l’oreille du maître ».

    Malgré tous les efforts et toute la compétence de Manon Aubry au parlement européen sur les sujets climatiques, il semble délicat de renforcer un mouvement dont le leader se vautre de plus en plus dans la caricature, et faisant campagne quasi exclusivement contre la guerre à Gaza au risque d’occulter les nombreux autres enjeux européens.

    Valérie Hayer ment

    Peu charismatique, peinant à défendre l’action du gouvernement, Valérie Hayer semble à l’abri de réaliser un très bon score le 9 juin prochain. Entre libéralisme à outrance, foi aveugle dans le marché et la technologie, cette dernière caricature le macronisme à chaque intervention. Cette article ne pourrait s’achever sans une mention de ses mensonges de campagne, parfaitement documentés ici :

    Ainsi, Madame Hayer se présente comme la seule candidate pro-européenne, ignorant Europe Écologie au passage, et fait de Glucksmann un mélenchoniste, malgré les divergences majeures qui opposent les deux hommes en particulier sur la géopolitique. Ce sont en partie ces divergences qui rendent très délicate l’union de la gauche et le prolongement de la NUPES. On comprendra aisément que le rapport des insoumis à la Chine, à l’Ukraine et aux USA n’est pas exactement le même que celui de monsieur Glucksmann.

    Laisser un commentaire

    Concevoir un site comme celui-ci avec WordPress.com
    Commencer